Le SDF Eric possède un don exceptionnel, lourd à porter, le « Shining ». En un flash, lui parvient à l’esprit passé ou avenir de gens ou d’objets : meurtre involontaire d’une fillette par un jeunot lors d’un braquage dérisoire, accouchement sauvage d’une jeune fille violée, auto-destruction créatrice du génial Van Gogh, influence de la batte de base-ball d’Orange mécanique sur le psychisme d’un ado dont la mère fut tuée avec cet instrument, etc. Comment vivre avec, en soi, les démons des autres sans devenir fou ?
Un récit complexe et dérangeant, construit en chapitres, chacun axé sur une des rencontres d’Eric. Il est illustré par des images infographiques d’une extrême violence, se limitant souvent à deux couleurs, dont toujours le noir. D’où une atmosphère constamment oppressante. Seul le rouge sang parfois ou un festival de couleurs chaudes dans la séquence Van Gogh rompent ce noir dominant et terrifiant. Soixante quatre pages dérangeantes avec des gros plans de visages angoissés où revient sans cesse un oeil, tel une conscience accusatrice. Une BD forte aux cases puissantes, à la narration hachée et chaotique. Une interrogation sur la folie, pas à la portée de tous les regards.