À l’approche de ses cinquante ans, Lucía découvre qu’elle est « zèbre ». Il y a encore peu, le qualificatif signifiait « surdoué », mais de nombreuses études démontrent qu’au-delà des capacités intellectuelles exceptionnelles qu’elle confère, cette anomalie se traduit par une fragilité psychologique douloureuse. Consciente de cet état, Lucía se livre à une introspection émouvante et sincère : liaisons nombreuses, amour maternel, curiosité humaine et intellectuelle. Une vie trépidante, où sexe et alcool tiennent une place importante, accompagne l’oeuvre prolifique de Lucía Etxebarria. Si ses romans se rattachent à l’autofiction, elle rompt ici avec ses ouvrages précédents (Ton coeur perd la tête, NB juin 2015) en livrant une véritable confession : catharsis, thérapie psychanalytique, pour combattre une angoisse mortifère. Par souci de transparence cette scandaleuse écrit en français. Elle se livre totalement dans ces aveux d’une pudeur touchante qui, sans vulgarité, témoignent d’une belle vitalité et d’une implacable lucidité. La volonté de se révéler, épurée par le choix d’une langue étrangère, donnent une profondeur universelle à ce portrait sans fard d’une femme de cinquante ans qui a autant souffert que vécu. (M.O. et A.C.)
Le don empoisonné de la folie
ETXEBARRIA Lucía