Une liste de noms, un prologue qui vous glace le sang, un rapport d’enquête lapidaire, puis une voix d’enfant qui demande à son père de lui raconter ce qui est arrivé pour essayer de comprendre ce que signifie « OPK Robert, c’est toi et ton nom de code… et maman ? ». Nous sommes à Leipzig en RDA à l’époque glaciaire de la répression contre les intellectuels. Avant d’être condamné à laver des carreaux à vie pour ses actions en faveur de la liberté, Robert était assistant scientifique. Dans le cercle littéraire qu’il animait il a rencontré Maria, fichée pour ses engagements contre l’État. Ensemble ils ont une fille, puis un jour Maria disparaît.
C’est la gorge nouée que vous tournez les pages, incrédule face à l’horreur et à l’absurdité de ce que vous découvrez. Cette impression d’étau est accentuée par la construction du livre qui vous enserre ainsi que par le phrasé acéré et glacial. Mais comment dire le désespoir, la répression, la déshumanisation, la perversion ? Karsten Dümmel signe un premier roman nourri d’une expérience personnelle qui lui donne une intensité bouleversante.