Le Marché, celui qu’on érige aujourd’hui au rang de Destin avec pour inévitable corollaire notre collective soumission à ses impératifs : il faut beaucoup d’humour pour aborder un tel sujet ! Ronan de Calan et Donatien Mary convoquent le fantôme de Karl Marx pour raconter à leurs jeunes lecteurs la fable emblématique des paysans de Silésie dépossédés de leur lopin, prolétarisés jusqu’à la mort après une vaine révolte. Et Marx d’expliquer ce qui s’est passé et de dénoncer l’usurpateur : le Marché n’est pas un Dieu, ce n’est qu’un rapport de forces. Et de laisser espérer…
Le discours est clair, les mécanismes économiques en jeu expliqués avec simplicité, illustrations à l’appui. La réalité que masque plus qu’il ne la désigne le « jargon » des spécialistes se révèle alors dans toute sa cruauté. Pas de catéchisme doctrinaire : la pensée de Marx est donnée pour ce qu’elle est, un idéalisme avec les limites inhérentes. Cet ouvrage est une invitation à la réflexion. Et s’il permet de rêver au lieu de croire en la Fatalité, est-ce un mal, s’adressant à des adolescents tellement privés d’utopies porteuses d’avenir ?