Être montreurs d’ours et mener un modeste cirque de lieu en lieu est dans la nature des Fils du vent comme les Zidar. Or, ces lieux deviennent toujours plus improbables et insécurisés. Trahis par leur guimbarde, ils relâchent l’ours, s’acharnent à survivre et cèdent finalement aux promesses mirifiquement fausses des passeurs et des mafieux. La roue de l’enfer continue de tourner. Un jour, au jardin du Luxembourg, Ciprian, le fils, se découvre un attrait inexplicable pour les « tchèquématte », ce qui lui procurera deux puissants amis : M. Énorme et Mme Baleine. Ce roman graphique suggère une réflexion sur l’attitude réservée aux Autres : gitans, immigrés ou autres différents de peau, de culture ou de religion ; le bilan n’est pas glorieux et nul, quel que soit son niveau de lecture, ne pourra rester indifférent. Le happy end est un peu fabriqué même si quelques rencontres fortuites viennent parfois aider à sortir la tête de la fange du mépris et de l’engrenage de la pauvreté. Grâce à l’inépuisable énergie de Ciprian et à son français « personnalisé », il arrive qu’on sourie. Le découpage des scènes, attitudes, mouvements et expressions fait qu’on est comme personnellement pris à parti. (M.-F.L.-G.)
Le fils de l’Ursari ; d’après le roman de Xavier-Laurent Petit
POMÈS Cyrille, MERLET Isabelle