Le flou du monde

WOLFF Iris

Hannes est pasteur dans la région du Banat en Roumanie, près de Timisoara. Sa femme Florentine peine à s’insérer dans la communauté rurale frileuse et timorée où son mari exerce son ministère. Or Hannes est accusé d’être un élément perturbateur par un collaborateur du régime tout-puissant de Bucarest. Leur fils Samuel parvient à s’échapper de nuit avec l’avion d’épandage d’un agriculteur. Il emmène avec lui son ami Oswald, « Oz », et abandonne sa fiancée enceinte. Après la chute du régime il rentrera auprès des siens…

Ce premier roman traduit en français d’Iris Wolff évoque, au fil de sept chapitres aux titres aussi étranges que cohérents (Zapada : la neige, Vagabonds du vent, Leviathan, etc.), le climat de suspicion et de menace permanente entretenu par la dictature. Le rythme se précipite au cours des épisodes, en suivant les bouleversements politiques. Le couple Ceausescu qui régnait sur la Roumanie au gré de ses caprices est exécuté. En contrepoint de la cruauté et de la froideur du roman historique, surgissent des métaphores sur l’oubli, l’impondérable, l’évanescence, le « flou » de l’existence mal maîtrisée. La vie est fragile, la mort très présente. Le pasteur tente de soulager la peine des endeuillés. Les générations se succèdent et Livia, la fille de Samuel, nouvelle venue délurée, devient… magicienne. (M.Bi. et M.W.)