Filippov, metteur en scène célèbre, retourne dans sa ville natale en Sibérie pour retrouver Piotr, son ami scénographe avec lequel il a un différend. À la descente d’avion, fortement alcoolisé, il monte dans la voiture d’inconnus. Ceux-ci l’entraînent dans un périple urbain. Il ne reconnaît pas les lieux pris dans la glace et le brouillard à la suite d’une panne générale de chauffage. L’alcool ajouté au froid anesthésie ses sensations mais lui donne des hallucinations. Passé et présent interfèrent. Mystères, fantasmes, tempête de sentiments l’assaillent. Dans ce « roman en trois actes avec entractes », Andreï Guelassimov (Les dieux de la steppe, HdN novembre 2016), scénariste, donne toute la mesure de son originalité, voire de son goût pour la dérision et le fantastique. Jouant de situations incongrues avec humour, il se réfère souvent au voyage d’ Alice au pays des merveilles. Comme l’héroïne du conte, transportée dans l’étrangeté, sa vie lui apparaît brusquement dénuée de sens, peuplée de regrets, de griefs et d’ennui. L’histoire se traîne, puis arrivent la violence et une atmosphère inquiétante. L’écriture très descriptive rend omniprésent le froid qui s’empare du corps comme de l’esprit. Cauchemar ? allégorie ? une tragicomédie vraiment étrange. (V.M. et M.-A.B.)
Le Froid
GUELASSIMOV Andreï