Couturière, elle coud. Va boire une Guinness au pub, écoute les rumeurs du village, des champs, de la mer, toute l’Irlande autour d’elle, qui l’a pétrie de religiosité et de lyrisme tragique. La vie est lente, et l’espérance violente de voir revenir son fils, beau, secret, tendre et doux, parti en Angleterre. Homosexuel peut-être. Veuve, elle n’a que lui. Un temps de bonheur partagé et il s’en va, avant même ses dix-huit ans, laissant ses icônes façonnées de débris, mémoire d’un ami suicidé. Elle partira le chercher, se découvrira femme encore jeune, avide de vivre, pour revenir seule, «petite tragédie locale parmi tant d’autres». En phrases courtes, denses, le récit poursuit présent et passé ; les attentats d’alors et les souvenirs des bombardements de 1942 à Londres affleurent à la surface des vies ordinaires. Les mots simples irradient d’un amour maternel immense, aveugle, inexplicable. Le dialogue impossible, les liens indénouables donnent aux relations mère/fils une intensité suffocante. Et l’âme de l’Irlande – son désespoir ironique, son ciel, ses vieilles chansons et ses bals, ses gares d’où l’on part sans revenir – habite ce premier roman, écrit en 1974. Desmond Hogan est présenté dans la préface. Insaisissable, discret et inoubliable, ce qu’il est à coup sûr. (M.W. et M.-N.P.)
Le garçon aux icônes
HOGAN Desmond