Dans l’Angleterre médiévale, Béatrice et Axl, vieux couple d’éternels amoureux, quittent leur village breton christianisé pour revoir leur fils parti depuis une période indéterminée. Ils cheminent dans une brume qui efface la mémoire. Une dragonne enfouie dans la montagne est responsable de cette amnésie qui atteint aussi les personnages rencontrés : un preux chevalier saxon, un neveu du roi Arthur, un enfant étrange, des moines au comportement ambigu, des ogres et des elfes. Le monstre terrassé, les souvenirs renaissent, réactivant les conflits et l’esprit de vengeance. Questionné par un batelier sondeur d’âme, le ménage est contraint à une introspection révélatrice. Comme dans ses précédents ouvrages, romans, nouvelles (Nocturnes : cinq nouvelles de musique au crépuscule, NB mai 2010), l’auteur, peut-être ici un peu moins inspiré, enracine son récit dans le passé. Fleurissent mythes et légendes arthuriennes, allégories et symboles où surnaturel et fantastique créent une atmosphère envoûtante, étouffante. Cependant le thème essentiel est celui de la mémoire dont la perte et parfois la résurgence entraînent des conséquences individuelles ou collectives tragiques. Sans transmission de la connaissance, ignorance et barbarie s’installent. Un conte philosophique parfois un peu long qui évoque, dans une langue fluide et poétique, les interrogations existentielles de l’homme. (A.C. et M.S.-A.)
Le géant enfoui
ISHIGURO Kazuo