C’est l’été. Un jeune garçon rêvasse, allongé dans un champ de fleurs inondé de couleurs. Peu à peu les nuages s’amoncellent. Un nuage, il reste allongé. Cinq nuages, il s’assied et observe. Et quand le ciel devient tout noir, il se poste, debout et observe : les vaches imperturbables dans les prés, un petit chat, un homme à bicyclette. Il aime le souffle du vent, la première goutte d’eau sur son visage ; et quand l’averse arrive, il aime sentir l’odeur de la terre. Mais la voix de son père l’appelle, il faut se mettre à l’abri.
Les images, tout en restant très colorées et lumineuses, suivent l’évolution de l’orage et le plaisir de l’enfant. Et ce n’est que lorsque la page s’assombrit vraiment qu’il fait bon retrouver la chaleur familiale, en attendant de repartir, dès que le ciel s’éclaircit. Tout l’art de l’illustrateur est de faire sentir et voir venir le changement de temps sans modifier vraiment son registre pictural. L’idée est avant tout de prendre son temps pour mieux faire percevoir ce qui change quand l’orage menace, de ressentir le vent, les gouttes d’eau sur ses joues, les parfums de la terre. (A.-M. R.)