La narratrice de ce bref roman raconte les années charnières du sortir de l’enfance. Pour elle, fillette d’un couple franco-libanais, ce sont d’abord les moments heureux d’une vie choyée, orchestrée par une grand-mère maternelle aux principes éducatifs traditionnels, mais largement adoucie par l’affectueuse complicité du Grand Joseph, son grand-père. Puis, avec la guerre et les bombardements de Beyrouth, vient l’exil,à Paris, où, autres cieux, autres moeurs, l’héroïne adolescente s’émancipe. Mais peut-on oublier ses racines quand ce qui nous lie au passé vient du coeur?Ce roman, à l’écriture très simple, propose, en quatre chapitres écrits au présent, quatre tableaux emblématiques de la chronique sentimentale d’un apprentissage. Sa dimension auto-biographique justifie sans doute qu’il se réduise à l’évocation de souvenirs ponctuels significatifs, au lieu de proposer un récit de vie plus étoffé. On y est sensible à la pudeur qui caractérise l’expression des sentiments, à la retenue de l’émotion, signe d’une qualité d’être. Enfin, mixité culturelle oblige, on y trouve, évoquées avec justesse, sinon avec profondeur, les questions de la transmission, de l’héritage, de l’identité.
Le grand Joseph
KOCHKA