Un coin perdu au sud de lâAustralie. Wallace, chef dâĂ©quipe, Roy, Smithy, son fils Spit, tire-au-flanc souvent absent, et deux gamins, ouvriers saisonniers, sâescriment Ă tailler les vignes de Boss sous une chaleur Ă©crasante. Ils parlent abondamment, du temps, du travail, dâun copain mort brutalement, du nuage de sauterelles annoncĂ© et redoutĂ©. Les soirĂ©es se passent toutes dans les bars dâoĂč ils sortent complĂštement imbibĂ©s. Et il faut bien apprendre aux deux gamins Ă se saouler comme des hommes. Smithy que lâalcool a ravagĂ© fait de la figuration. Il se sent vieux, vraiment malade et accepte que Charlotte, jeune femme battue, sâinstalle chez luiâŠÂ Ce premier roman de lâAustralien Jeremy Chambers sent la terre, la chaleur, la poussiĂšre, les mouches. Les vies sont tristes et Ă©triquĂ©es : chacun a un passĂ© douloureux, un prĂ©sent minable, un avenir bouchĂ©. LâĂ©criture sĂšche, rĂ©pĂ©titive, lancinante, les dialogues hachĂ©s recouvrent des sous-entendus plein de violence. Violence qui peut aussi exploser brutalement. Parfois aussi une lueur dâespĂ©rance dans ces existences au ras du sol. Un roman vigoureux et rĂ©aliste mais qui nâest pas exempt de longueurs, surtout Ă la fin.
Le grand ordinaire
CHAMBERS Jeremy