Autriche, 1944. Trois destinées viennoises croisées ou parallèles. Veit revient du front russe après trois ans de guerre. Blessé, il passe sa convalescence en montagne à Mondsee. Il loge chez une femme acariâtre, noue une idylle avec Margot sa voisine, s’évertue à ne pas retrouver l’enfer du front. Nanni, jeune adolescente rebelle et amoureuse, déplacée avec ses camarades de classe dans ce même village, disparaît. Oskar, sa femme et son fils, Juifs réfugiés à Budapest, sont poursuivis jusque là par le nazisme et cherchent désespérément un lieu où fuir à nouveau… Arno Geiger (Autoportrait à l’hippopotame, NB septembre 2017) raconte la dernière année de la guerre dans l’Autriche nazie. Il dénonce l’absurdité des conflits qui ne profitent à personne et qui détruisent civils et militaires par milliers, le déchirement dans les familles qui s’opposent, l’antisémitisme croissant et le « dressage » des enfants par les nazis. C’est au travers de lettres que s’envoient les protagonistes que l’on découvre les détails de la vie de chacun et leurs angoisses. Tout est passé au crible sans indulgence, dans un langage explicite avec des mots choisis avec soin. Quelques longueurs et certaines complexités dans la lecture en raison des très nombreux personnages rompent parfois le charme de l’écriture pleine de délicatesse. (M.-F.C. et C.R.P.)
Le grand royaume des ombres
GEIGER Arno