Le Grand Tout

Berkeley, circa 2020. Michel, professeur de philo suisse, vient enseigner à l’université américaine. Il est accueilli par un Français qui vit là depuis une cinquantaine d’années. Veuf, le vieil universitaire ruiné arrondit ses fins de mois en logeant June, une étudiante eurasienne. Le nouvel arrivant et son guide font connaissance autour d’un verre. Un drôle de type se joint à eux ; sympathique mais étrange : il se fait passer pour une réincarnation de Jack London. June vient d’hériter d’un magnifique sabre japonais qui attire les convoitises. En même temps que le confinement Covid, se préparent les élections présidentielles. Les aventures du quatuor les mènent au cœur de la vallée de la Mort pour un Burning Man illégal.

Le vieux Français expatrié est le narrateur flegmatique et empathique des tribulations de la petite troupe hétérogène que surveille un vieux matou sourd : formidable caractère de chat ! L’auteur, néo-Californien transfuge du Lubéron, nous plonge dans les légendes du rêve californien : depuis Sir Francis Drake le découvreur jusqu’au Big One, en passant par la brume quotidienne, le Power Flower hippie, et l’étrange trip de Michel Foucault dans le désert Mojave en 1976. S’y mêlent au second plan le mythe du trésor perdu des samouraï et celui du monolithe de Stanley Kubrick. Des légendes à l’actualité et ses monstres, il n’y a pas si loin : en toile de fond grinçante, le contexte politique étasunien actuel s’invite dans ce roman passionnant et réjouissant. (T.R. et C.H.)