Jérôme a trente-deux ans. Cherchant un sens à sa vie, il a quitté sa compagne, son travail et squatte dans une tour en voie de démolition. Le RMI couvre les frais de portable et d’eau. Pour le reste, il vole, avec quelques complices, à la fois par nécessité et par posture idéologique. Il veut trouver son propre projet pour se réaliser, en dehors de la normalité qui conseille d’être autonome, de croire en la politique, de s’inquiéter de l’image que l’on donne. Sa ressemblance avec un portrait du XVIIe et les yeux verts d’Anouck lui font comprendre à quel point sa révolte est inscrite dans l’air du temps. Sa recherche exacerbée de subjectivité est aussi un conformisme, son renoncement un enfermement. Il passe du « Gris » au blanc (le mot de la fin!).
Le propos n’est pas « idiot », contrairement à ce que dit l’exergue. Dans ce premier roman très introspectif, Nicolas Bouyssi sait faire, malgré quelque lenteur au début, de l’errance de son héros une quête. La construction pas toujours linéaire, le style fluide et rythmé intéressent autant que le contenu.