Les premières pages du manuscrit d’un roman noir inachevé attirent l’attention d’un fils venu vider l’appartement à la mort de sa mère. C’est pour lui le point de départ d’une recherche sur celle qui s’est murée dans une solitude totale en fin de vie, après une jeunesse en partie sabordée par une mésentente avec sa propre mère et un engagement politique pro-FLN mal maîtrisé, puis une maturité marquée par une maladie de la persécution qui a gâché la vie de la famille. La cache (NB novembre 2015), prix Fémina, roman largement autobiographique, évoquait le quotidien clandestin de la famille Boltanski à Paris pendant l’Occupation. On retrouve à travers le personnage de la mère des éléments similaires : famille, dissimulation, obsession de la traque… L’excellente construction du roman mêle subtilement les blessures de toute une vie et façonne une héroïne, agitatrice révoltée vouée à l’échec, qui, en se dévoilant petit à petit, force la curiosité, l’intérêt et l’empathie. Le zeste de suspense dans la découverte de ce magnifique portait ajoute à l’émotion retenue que l’on sent sourdre chez le narrateur, son fils. Quelques considérations séduisantes sur le roman, le polar, et l’apparition surprenante du créateur de Barbapapa. Une plume nerveuse, évocatrice, anime le tout. (L.K. et T.R.)
Le guetteur
BOLTANSKI Christophe