Solange s’ennuie sur le paquebot commandé par son père et qui est sa demeure. À l’arrivée, en hydravion, du grand maître Czentivick, sa cabine lui est attribuée. Furieuse, elle fait un éclat et le provoque aux échecs. Elle n’aurait aucune chance, sans le secours inattendu de Monsieur B. La partie est nulle, au grand dam du champion habitué à gagner contre quiconque depuis plus de dix ans. Qui donc est cet énigmatique intervenant qui va bientôt raconter son histoire ? Un notaire qui détient des secrets, recherché par le régime nazi. Enfermé seul, son unique dérivatif est un manuel d’échecs. Lorsqu’il arrive à jouer de tête toutes les parties du livre, il ne lui reste plus qu’à jouer contre lui-même et à dériver vers la folie. L’ouvrage de Stéphane Zweig est subtilement scénarisé par Thomas Huneau qui en tire deux récits imbriqués, l’un se déroulant sur le bateau, l’autre dans les locaux de la Gestapo. L’un éclairant l’autre, ils débouchent sur une fin un peu nostalgique. Les personnages affichent souvent une certaine raideur, en phase avec la vie guindée des passagers ou l’ambiance glaciale des interrogatoires. L’image sait pourtant se montrer plus fluide dans les scènes méditatives ou oniriques. Un ouvrage aux multiples clés de lecture. (P.P. et C.D.)
Le joueur d’échecs
HUMEAU Thomas