Le narrateur, un imam sous le coup d’une fatwa, écrit pour sa bien aimée. Depuis son isolement forcé, il lui raconte comment lui, fils de paysan pauvre, grâce à ses aptitudes en études coraniques, il est parvenu à la direction d’une modeste mosquée à l’étranger. C’est là, lui rappelle t-il, qu’ils ont collaboré ensemble à l’établissement d’un grand lexique de l’oeuvre de Mutanabbî et qu’ils sont devenus amants. Promu malgré lui figure médiatique de l’islam modéré, il devient la cible de l’islam radical. Mais plus que des faits, c’est une réflexion humaine et spirituelle hors du commun qu’il offre à cette femme dont il est passionnément amoureux et qui l’a révélé à lui-même autant sur le plan physique qu’intellectuel.
Écrit dans une langue grammaticalement parfaite, mais d’une complication que l’on suppose héritée de l’arabe littéraire, cet hommage cérébral à l’amour, la poésie et la parole révélée reste trop longtemps obscur (pas un seul nom de lieu ni de personne, une temporalité hasardeuse) et n’atteint sa véritable dimension que dans la seconde moitié du livre. Racha Al-Amir, écrivain libanaise, signe là un livre imparfait, mais puissant. Pour lecteur averti.