Félicité, quatre-vingt-quinze ans, s’estime trop âgée et veut abréger sa vie. Elle injecte par mégarde à son jardinier Blaise la dose de mort aux rats qu’elle se destinait après avoir averti ses trois anciens élèves préférés… qui arrivent pour son enterrement. Ils l’aident à éliminer le corps, bien encombrant. Mais le défunt continue de hanter la maison, discourant, commentant les événements. La maréchaussée, intriguée, se mêle au groupe. Le choeur des complices rivalise d’imaginaire saugrenu alors que le cadavre resurgit pour une inhumation avec Félicité, enfin apaisée. Conte champêtre d’un auteur prolifique (Les voyageurs de l’aube, HdN octobre 2015), passionné de poésie occitane où le fantastique côtoie le merveilleux. Calembours, jeux de mots et imitation de parler villageois se succèdent tout au long du texte, propres à susciter la résurgence d’un monde depuis longtemps disparu des campagnes. Nostalgique du félibrige, amoureux des poètes disparus, l’auteur se fait plaisir en cabriolant dans un dédale de citations et les méandres d’une intrigue désuète et mélancolique. En dépit de quelques passages loufoques aux outrances parfois fatigantes et d’une succession de rebondissements, cette sorte de fable sur la mort est alambiquée et peine à convaincre. (M.Bi. et F.L.)
Le jour où Félicité a tué la mort
GOUGAUD Henri