Anna, flûtiste douée mais paralysée par l’angoisse, renonce à jouer. Un psychiatre rencontré dans une soirée suggère qu’elle serait « mathématopathe », obsédée et révulsée par les chiffres présents dans les rythmes. Prenant cette hypothèse au sérieux, elle recherche son ancienne professeure de maths qui avait écrit sur son bulletin : Justifie à elle seule l’invention du zéro. Leur entretien dérape, Anne la séquestre, l’abandonne et se retrouve en hôpital psychiatrique. Le thérapeute qui se sent responsable lui propose un séjour dans sa clinique. Elle s’investit alors discrètement dans un projet salvateur mais délirant : faire disparaître définitivement les chiffres. Le narrateur, c’est le psychiatre, et l’aventure d’Anna lui permet de se remettre en question. Comme ses patients, il veut se protéger d’un monde extérieur rugueux, et sa sensibilité le met en résonance avec la musicienne au douloureux passé. L’autre thème, connexe, est l’idée sympathique de vouloir annihiler les chiffres qui rendent inhumain le monde où ne compte plus que ce qui s’exprime en chiffres. Peu importe la folie du projet. L’humour empreint de dérision et de fantaisie et un style aisé – peut-être pas assez mordant – colorent ce livre un peu mince mais aux analyses psychologiques et sociales plutôt fines.
Le jour où les chiffres ont disparu
DUTAILLIS Olivier