Le labyrinthe d’une vie

FOULDS Adam

Vers 1840, le poète Alfred Tennyson, encore peu connu, séjourne longuement dans un village des Midlands, près de son frère Septimus, interné dans un asile d’aliénés. Il y fréquente John Clare, son aîné en poésie, célèbre pour ses vers bucoliques, mais qui a sombré dans une démence pitoyable. Ce malheureux sujet a des hallucinations, adresse des vers enflammés à Mary, un amour de jeunesse, morte depuis longtemps, et se croit tantôt Byron, tantôt une autre célébrité. L’établissement est tenu fermement par un curieux médecin qui ruinera presque les Tennyson en les associant à un investissement industriel aventureux.  Les faits relatés sont romancés, mais authentiques pour l’essentiel. Autour de quelques figures historiques de la littérature anglaise, Adam Foulds fait graviter de nombreux personnages, fictifs pour la plupart, semble-t-il, et présentant des profils psychologiques divers : famille du directeur, personnel soignant, ou pensionnaires, la limite entre la santé mentale et la déraison étant parfois floue. L’auteur tend à montrer que la création littéraire ou l’exaltation mystique sont souvent liées à des troubles psychiques. Par ailleurs, il évoque de façon réaliste les méthodes brutales dont on usait alors, avant le développement des psychotropes, pour maîtriser les déments agités. (P.S. et M-.A.B.)