Un lièvre, adopté tout jeune par une tribu de lapins, partage leur vie réglée sur la garenne quand survient un congénère qui fleure bon la liberté et les courses folles. Il le suit, enivré, dans les hautes herbes et sous les grands arbres de la forêt. Ils n’y sont pas seuls ; les loups rôdent. Les albums jeunesse sont pleins de sympathiques lapins ; en revanche peu de lièvres ! Et pourtant… Ils apportent ici une autre dimension, plus sauvage, moins terrier et ombellifères, plus vagabonde, avec des prédateurs à la hauteur : non pas le renard, mais les loups, une meute de loups, des vrais loups de livre d’enfant. La balade musarde, rythmée par le découpage en vignettes, se transforme en dangereuse poursuite, la meute affamée faisant front, toutes dents dehors. Avec une maîtrise parfaite de la narration, la peur change de camp quand intervient en rangs serrés la troupe compacte des lapins. Vibrant hommage à l’efficacité du collectif ! Le crayon noir léger fait sentir le vent de la course, alterne ombre et lumière avec l’élégance et le mystère du blanc et noir. (C.B.)
Le lièvre et les lapins
LE VÉEL Timothée