Enceinte à quatorze ans, c’est son père, un chrétien rigoriste et hypocrite, nourri de paroles bibliques, qui a obligé Sarah à garder son enfant. Enfin majeure, elle le reprend car il est son seul « bien ». « Je me suis cassée le cul, pour te récupérer, alors t’as intérêt à être reconnaissant, espèce de sale morveux. » Cette mère immature, menteuse, droguée, se prostitue sur les parkings des autoroutes américaines. Ils vont mener une existence faite d’errances entre hôtels minables et cabines de camionneurs, plus détraqués les uns que les autres.
L’auteur explore cette relation malsaine entre une mère et son gosse, le narrateur, prêt à tout pour garder l’amour maternel. Il ira jusqu’à l’imiter, c’est le sujet de Sarah (N.B. déc. 2001). En un langage parlé, le plus souvent triste, voire choquant, J.T. Leroy dresse le tableau d’une enfance saccagée. Il en tirera le scénario d’un film éponyme.