Le livre de Memory

Memory, une Noire albinos, survit dans le couloir de la mort d’une prison sordide au Zimbabwe. À neuf ans, enfant différente, elle vivait avec sa famille dans un township de Harare. La pauvreté s’accompagnait déjà, comme dans la prison, de promiscuité et de violence, le quotidien s’illuminait d’un geste tendre ou d’un Coca-Cola. Mais elle est vendue – pourquoi ? – à Lloyd, un intellectuel blanc généreux. Désespérée, sauvée par les livres, elle apprend le confort, la facilité, étudie à Cambridge, revient au pays. La mort de Lloyd dont elle est accusée dévaste tout… Dans sa cellule, Memory écrit, combat pour la justice, espère sa grâce.  Après des nouvelles (Les racines déchirées : histoires, NB juillet-août 2010), Petina Gappah, juriste née au Zimbabwe, publie son premier roman. Passé et présent s’y intercalent en fragments tour à tour tragiques, chaleureux, comiques, douloureux… Peu à peu, des secrets de famille affleurent, la personnalité de Lloyd intrigue, l’histoire du Zimbabwe se dessine. Quelques tableaux fascinent, comme celui du baptême baptiste de la famille. À la fin, le récit s’essouffle un peu… Mais le roman reste poignant, intense, il illustre avec bonheur le mélange des cultures anglaise et africaine et les pouvoirs de l’écriture et de la mémoire. (M.W.)