Le livre des hontes

La honte, un sujet de prédilection en littérature ? C’est ce que l’auteur s’emploie à démontrer dans ce traité d’“hontologie”. Rousseau et ses Confessions ont ouvert une voie royale à l’autobiographie dans laquelle se sont engouffrés la plupart des écrivains des XIXe et XXe siècles. Le sentiment de honte tient une place de choix dans leurs oeuvres. De nombreux héros naissent de ce sentiment intime ou collectif : hontes personnelles, familiales, sociales, politiques ou historiques, s’emboîtant en un cocktail corsé. Au lecteur de les décrypter chez Proust, Levi, Dostoïevski, Roth, Coetzee, Duras et bien d’autres. La littérature agit ainsi comme révélateur et catharsis de l’orgueil blessé, de la disgrâce et de la culpabilité.  Jean-Pierre Martin, spécialiste de Michaux, ne s’éloigne jamais des écrivains qu’il cite abondamment, et toujours à propos, dans le souci de dévoiler tous les visages de la honte. On prend grand plaisir à suivre cet essai clair, riche et brillant, écrit sans pédanterie par un auteur cultivé au style vigoureux.