« Cet ouvrage ne se donne à comprendre qu’aux esprits pénétrants et à ceux qui ne ménagent point leurs efforts » prévient l’auteur, Égyptien, de ce roman mystique autobiographique, publié il y a quinze ans, bien avant Les récits de l’institution (NB décembre 2001). Il se situe entre la mort du père et celle de la mère, retraçant une éprouvante quête d’identité. Gamal Ghitany, musulman chiite, se croit doté de pouvoirs surnaturels et d’une immense sensibilité, il voyage dans l’Histoire et dans son histoire, assistant même à sa propre décapitation. Il hallucine et réinvente la vie, revenant, en spirales, aux mêmes thèmes au cours de voyages dans les voyages, réécrivant des événements, proches ou éloignés de son « identité d’origine ». Au terme des trois longues parties, d’une écriture « incantatoire », émaillée de nombreuses citations du Coran, il reste cependant un secret dont la divulgation est interdite.
Le lecteur déploie, il est vrai, des efforts considérables pour ne pas sombrer dans la confusion, se repérer entre les différentes identités du narrateur, reconstituer les fils de sa vie et le suivre dans son cheminement initiatique à travers ses messages ésotériques.