En 1915, quand sa famille quitte Aïntab, un village turc, pour échapper au génocide, Qayah, petite Arménienne de trois ans, perd dans des circonstances épouvantables, l’un après l’autre, tous les siens. Un couple d’Arméniens l’adopte mais de nouvelles épreuves l’attendent. Ses trois descendantes, successivement, Qana, Qadar et Qamar connaissent l’exil, de Jérusalem à Alep en passant par Beyrouth et vont devoir affronter les conflits qui ravagent ces pays et ébranlent leur famille. Joumana Haddad (Superman est arabe, HdN février 2013) s’inspire très librement de son histoire familiale et raconte cent ans de troubles au Proche-Orient à travers les drames vécus par quatre Arméniennes, ballottées entre des pays en perpétuel conflit. La dernière génération subit la guerre de Syrie et échoue en 2014 dans un camp de réfugiés en Turquie. Les quatre reines d’un jeu de cartes symbolisent quatre manières d’assumer la condition féminine, quatre figures de guerrières ou de rebelles qui doivent composer avec le destin. L’auteur développe, avec finesse et une grande liberté de ton, une réflexion sur le mariage, la religion, le suicide, la maladie mentale, sur un fond historique relatant tragédie arménienne, conflits israélo-palestiniens et syriens, sous l’ombre menaçante de Daech. Un roman instructif et prenant. (A.K. et E.L.)
Le Livre des Reines
HADDAD Joumana