Jeune orpheline élevée en France, Esperanza Gorst est placée par sa tutrice comme femme de chambre auprès de Lady Tansor, vingt-sixième baronne du nom, avec pour mission de gagner sa confiance. Afin de réaliser « le Grand Dessein » dont elle ignore tout, la jeune fille est chargée d’espionner et de consigner, dans son Livre des Secrets, les faits et gestes de Milady, de ses deux fils et des visiteurs d’Evenwood, magnifique domaine de la campagne anglaise. Malgré les mises en garde, elle tombe vite sous le charme de la fière Lady, riche mais impuissante à se libérer des chaînes du passé.
Inspiré par le mouvement romantique du XIXe siècle où il situe son intrigue, Michael Cox en adopte la liberté de ton, maniant à la perfection la langue empruntée à la littérature anglo-saxonne de l’époque. Sa façon précise et romanesque de décrire l’évolution des sentiments de ses personnages et l’abondance de menus événements font également le charme de cette chronique riche de six cents pages, qui combine perspicacité de l’analyse sociale et finesse de l’étude psychologique. Cette intrigue habilement menée depuis La nuit de l’infamie (NB juin 2007) (qui n’est pas indispensable à la compréhension de cette suite)
, nous replonge avec talent dans l’atmosphère mythique de l’époque victorienne.