Il était une fois un homme dont on ne connaissait pas le nom. Comme il avait une longue barbe blanche et un chapeau pointu, on l’appelait le magicien, même si personne ne savait s’il l’était. S’il avait eu une flûte à la main, on l’aurait appelé le magicien musicien, sans même l’avoir entendu jouer. Et s’il avait eu en plus un casque à la main, le magicien musicien pilote ; et s’il avait eu un perroquet sur l’épaule, une ceinture noire de judo, un masque de plongée, etc.
L’énumération se poursuit longtemps dans cet album randonnée délirant, qui rajoute les accessoires sans logique ou crédibilté : le magicien (ou pas) est bien chargé à la fin, et qualifié de nombreux substantifs ! À chaque fois, le narrateur reconnaît en fin de texte, dans une phrase rigolote qui change, la part d’arbitraire, fondée sur l’apparence, dans la façon de l’appeler. La leçon (l’habit ne fait pas le moine) effleurera peut-être les enfants, mais il y a peu de chance qu’ils échappent à l’effet drolatique de cette silhouette bleue naïve, façon sérigraphie, base immuable qui s’enrichit d’accessoires invraisemblables (chacun sa couleur, qu’on retrouve dans le texte). La chute, réussie, joue le contraste et le décalage. (M.D.)