Les plans sociaux en 2009 se sont accompagnés d’une multiplication des séquestrations de patrons, perpétrées par des salariés réclamant, et finalement obtenant, des indemnités de licenciement plus importantes. Comment et pourquoi est-on arrivé à cette « exception française », par laquelle un acte criminel devient « compréhensible » et ses auteurs rarement ou faiblement punis ? Quel engrenage ? Comment le vivent les séquestrés ?
Une enquête très détaillée qui met en évidence la rupture du dialogue social, avec un certain parfum de « grand soir » exalté par la publicité sur les parachutes dorés. D’un côté des salariés qui, souvent, ont fait leur carrière dans l’entreprise, qu’ils aiment car elle fait partie de leur cadre de vie, et qui sont conscients de la réalité économique ; de l’autre des patrons de filiales de société étrangères, qui ne sont que des exécutants, sans marge de manoeuvre, des décisions prises par des conseils d’administration pour lesquels le site n’est qu’un point sur un atlas. Les syndicats sont dépassés, les administrations interviennent peu ou mal ou trop tard, le gouvernement cherche, sans grands moyens, à préserver les emplois ; tout le monde essaie de gagner du temps, jusqu’à ce que ce soit la France qui perde.