Un petit homme, malingre et pĂąle, marche dans la ville, sa mallette Ă la main. Poli, rĂ©servĂ©, il ne se lie pas, parle peu. Son mĂ©tier ? Manucure. MĂ©ticuleux, il est passĂ© maĂźtre en son art et classe les mains en catĂ©gories. On le comprend vite : les mains, câest son obsession. Sa vie, morne, solitaire, sâĂ©claire pourtant de deux rencontres : une jeune femme dite âmains de marbreâ dont les tentatives de sĂ©duction le lassent vite. Et un tout jeune homme, sourd-muet dont la gestuelle le fascine et provoque sa passion. Leur relation amoureuse est cependant gĂąchĂ©e par le mystĂšre qui plane sur le passĂ© du hĂ©ros… Rien nâest dit. Dans ce roman singulier, peu banal, Ă©nigmatique, on soupçonne, on devine Ă demi-mot. Le personnage falot du dĂ©but prend consistance ; son obsession, sa folie deviennent le centre de la terrible tragĂ©die qui se prĂ©pare. Toute lâhabiletĂ© de lâauteur tient dans cette subtile progression dramatique dâun rĂ©cit, soporifique au dĂ©part, qui engendre peu Ă peu le malaise et dĂ©bouche en final sur lâhorreur absolue.
Le Manucure.
CHRYSSOPOULOS Christos