Aborder sans préjugés un livre de Christine Angot est une gageure. Sinon nouveau, le propos du dix-septième ouvrage est porteur. Une relation durable est-elle possible entre deux êtres venant d’univers aux codes et conduites dissemblables ? Entre une petite “bobo” écrivaine sulfureuse de gauche, proche de la cinquantaine, et un jeune rappeur métis imprévisible, rallié à la droite ? De plus, surmédiatisés l’un et l’autre : Christine Angot elle-même et Doc Gynéco ? L’aventure improbable autorisait une exploration de société élargie, une approche psychologique pénétrante, voire une émotion empoignante. Las, la pensée rampe, étroite, saturée d’introspection trop ordinaire, noyée sous des sentiments adolescents, intermittents, mal servie par des dialogues indigents. Torride alors l’aventure ? On doute. Les émois exhibés des corps s’enlisent dans un cocktail discordant. Tiède. Cru. On retient toutefois la tendresse de l’auteure pour l’amant transgressif, pour sa dégaine libertaire, son phrasé insoumis et ce qu’il véhicule de vérité.
Le marché des amants
ANGOT Christine