Le mariage de ma mère

Avec ses kilos en trop, ses boutons et sa chevelure rebelle, Vera ne s’aime pas… Elle n’a jamais vécu avec sa mère, un top model qui fait la une des magazines people et a déclaré dès la naissance de sa fille : « La vie que je mène ne me permet pas d’élever un enfant ». Un cousin et sa femme, Dona Elisa, qui ne lui accordent ni intérêt ni tendresse, s’en chargent. Et Vera entretient pour combler le vide une correspondance imaginaire avec les « fiancés » successifs de sa mère – jusqu’au jour où celle-ci se marie effectivement. Dans ce récit touffu, l’auteur tente d’être au plus près d’une enfant en quête d’affection, confrontée à un réel déni d’elle-même. Alice Vieira donne la parole à son personnage et fait entendre une souffrance sans geignardise, anesthésiée en partie par l’invention mythomane d’interlocuteurs qui ne sont pas d’emblée présentés comme fictifs ! Habileté d’écriture qui peut semer le trouble si on n’est pas attentif aux indices indiquant leur nature. En dépit de cette difficulté de lecture, ce roman, constamment pimenté d’humour, analyse avec justesse une dérive adolescente dans l’imaginaire.