Alexei Vangengheim est un savant russe, bon militant communiste. Sa double spécialisation – agriculture et météorologie – lui vaut en 1929 un poste éminent. En 1934, il est arrêté et déporté dans un monastère-forteresse, camp pour intellectuels, sur une île de la mer Blanche. Les éreintantes corvées de nettoyage et le travail dense qu’il effectue à la bibliothèque n’entament pas son zèle à envoyer des lettres et dessins à sa petite fille de quatre ans et des suppliques à Staline qui restent sans réponse. Au bout de trois ans, il est transféré en Carélie avec onze cents autres prisonniers…
Olivier Rolin (Bric et Broc, NB mai 2011) a eu connaissance des lettres envoyées par le condamné à son enfant. Ému par leur contenu – photos en fin d’ouvrage – et par le destin tragique de ce citoyen loyal, il a voulu, en retraçant sa vie, lui rendre hommage et montrer comment des millions d’hommes ont été broyés par le régime communiste auquel ils avaient sincèrement cru. L’auteur bâtit un récit dépouillé sur les iniques purges staliniennes, les procès truqués et les conditions de vie au Goulag. Le style sobre et sensible donne au personnage bouleversant du météorologue tout son poids d’humanité.