Un metteur en scène polonais, mondialement célèbre, doit adapter pour un grand théâtre parisien le roman d’un auteur autrichien mort. Il en lit les vingt premières pages, et s’enthousiasme ; un contrat très généreux est signé lui donnant une liberté « presque » totale – l’adverbe est important. La pièce, très attendue, doit ouvrir la prochaine saison théâtrale. Les acteurs sont recrutés, les répétitions commencent et tout dérape car, à la relecture, le livre est instable, des personnages disparaissent, d’autres surgissent : le démiurge sent la folie l’envahir, maltraite tout le monde et s’excuse en offrant des oeufs durs… C’est le premier roman d’Antoine Mouton, nouvelliste et passionné de théâtre. Sa trame ambiguë, curieuse, déroutante, traduit d’abord l’impossibilité d’établir une frontière claire entre folie et simple excentricité d’un « génie ». Très vite on glisse dans une spirale infernale, mais avec plaisir car l’écriture est remarquable de précision. Les phrases parfois très longues sont toujours ciselées et leur ponctuation exacte évite de perdre pied. Dans ce véritable théâtre de l’absurde l’humour sert aussi à disséquer la folie. Un roman court, énigmatique – iconoclaste ? – dont la fin ne déçoit pas, et un auteur à découvrir. (E.G. et M.-C.A.)
Le metteur en scène polonais
MOUTON Antoine