Tomber amoureux de son analyste est classiquement dit transfert de liens affectifs. LâhĂ©roĂŻne, Ă©crivain lucide largement sexagĂ©naire, le sait. Pourtant, quand elle sâentiche du crĂąne glabre, du regard marron, de la stature dâĂ©chassier, de la braguette du Dr Ursus, elle ne lutte pas. Et laisse le charme agir. Elle va mieux. Il lui paraĂźt quâencadrĂ© par les sĂ©ances thĂ©rapeutiques, cet amour impossible voire imaginaire ne serait pas dangereux mais plutĂŽt rĂ©parateur. Elle prend sa plume, deux ans durant, elle Ă©crit et le dĂ©crit. Quand le mot « fin » boucle le rĂ©cit, lâamour sâest envolĂ©. Catherine Safonoff est une exploratrice de lâintime autobiographique. « JâĂ©cris sur lâunique entreprise qui vaille au monde : aimer quelquâun». Le Mineur et le canari est reprĂ©sentatif de ce choix, mais le dĂ©borde. Journal, recueil de nouvelles sans chute, billet dâhumeur… on ne sait. Cependant le rĂ©cit sâattarde sur lâĂ©criture et la lecture, le vieillissement, lâapprentissage, la nature ou encore la solitude. Une langue mĂ©ticuleuse, simple, des phrases courtes et justes, une analyse sans complaisance, un bon recul dĂ©pouillent lâanalyse de tout narcissisme.
Le Mineur et le Canari
SAFONOFF Catherine