Le minotaure 504

Quatre personnages sont les héros des courtes nouvelles de l’écrivain algérien Kamel Daoud : un chauffeur de taxi furibond invective la ville d’Alger, mère de tous les vices ; un ingénieur a construit le prototype d’un petit avion qui n’intéresse personne ; un marathonien vainqueur court et court encore derrière il ne sait quelle chimère ; un ancien combattant de la guerre d’indépendance, analphabète, dicte ses souvenirs à un jeune écrivain, excédé par une histoire cent fois ressassée qui ne concerne pas sa génération.

Ces quatre textes expriment le profond mal-être d’une jeunesse qui reproche à ses aînés d’avoir gâché la victoire remportée sur le “Colon” haï et secrètement admiré. Les anciens combattants n’ont rien proposé, rien construit, ils ont instauré un régime répressif et interdit toute liberté d’expression. L’auteur, universitaire engagé dans la lutte pour les Droits de l’homme, exprime des idées fortes. Il faut cependant faire l’effort de décrypter ce texte qu’une écriture sophistiquée rend quelque peu insaisissable.