Le Moabi Cinéma

Boum Biboum vit au Cameroun avec ses quinze frères et soeurs, dans un domaine de la banlieue de Yaoundé, sous la férule de son père commissaire de police, chrétien très pieux, et de ses deux femmes. À la fin de ses études secondaires, oisif, le jeune homme passe son temps avec sa bande d’amis, le Club des cinq, à écluser des bières au bar de Molo, jouer au football et monter sans succès des dossiers de visas pour l’étranger. La découverte d’un écran géant protégé par l’armée, caché dans un « moabi », arbre majestueux de la jungle camerounaise, va bousculer leurs rêves et leurs convictions.  Dans ce premier roman, le talentueux musicien Blick Bassy, qui vit en France depuis onze ans, raconte avec humour sa jeunesse au Cameroun. Son vocabulaire imagé, truculent, sa langue colorée et inventive nous plongent dans la vie quotidienne africaine. Le narrateur, à la fois naïf et rusé, n’hésite pas à critiquer certains prêtres qui abusent de la crédulité de leurs ouailles ou les politiciens irresponsables. Personne n’est épargné : des Feymen (escrocs locaux), des « Mange-mille » (policiers corrompus) aux Mbenguistes (« revenants » d’Occident) qui font miroiter à ces jeunes sans emploi l’idée d’un eldorado occidental. Une farce cruelle. (S.D. et M.S.-A.)