Le monde est mon langage

MABANCKOU Alain

Dans un riche panorama d’écrivains d’expression française, inĂ©galement connus, qu’il rencontre de Douala Ă  Alger, de HaĂŻti Ă  MontrĂ©al, Madagascar, Paris ou Brazzaville, Alain Mabanckou (Petit piment, NB octobre 2015) s’interroge : qu’est-ce qu’écrire dans une langue qui n’est pas toujours votre langue maternelle et dont l’apprentissage, forcĂ© ou choisi, s’est mĂ©langĂ© au monde dont vous ĂȘtes issu ? La question, reprise sous des angles diffĂ©rents selon les auteurs Ă©tudiĂ©s, examine notamment la tentation d’un retour aux langues vernaculaires (africaines, dialectes arabes…). Le français vĂ©hiculĂ© par l’esclavagisme et le colonialisme a-t-il perverti une identitĂ© linguistique originaire ? A-t-il ouvert, ou non, sur un horizon plus large de sens, de perception, de sentiments, Ă©vitant l’isolement et le repli ? Pour ce fin romancier congolais francophone enseignant aux États-Unis, la pulsion d’écrire est d’abord un vĂ©cu individuel qui s’empare d’une langue enrichie de ses avatars, pour protester, peut-ĂȘtre, mais surtout pour crĂ©er, grĂące Ă  « l’audace de sa vision », un univers original d’une puissante sĂ©duction. (A.Lec. et A.Le.)