Dans sa thèse, remaniée pour s’adresser à un public élargi – très éclairé néanmoins ! –, Bérénice Levet explore les raisons pour lesquelles Hannah Arendt « jugeait » que la compagnie des oeuvres d’art, des artistes, est indispensable pour approcher le monde et penser la condition humaine. Hannah Arendt cherche à décloisonner les genres et aime que la philosophie puise dans l’oeuvre d’art, dont la source immédiate est l’aptitude humaine à penser. Bérénice Levet appuie sa thèse sur l’intérêt que la philosophe portait à Rembrandt et à Haendel ; mais ce sont surtout des écrivains comme Balzac, Proust, Faulkner ou Karen Blixen qui permettent l’association d’une notion abstraite avec une figure littéraire. Le récit est alors un rempart à l’absurde : « les joies et les peines deviennent supportables quand les hommes peuvent en parler et les raconter comme une histoire. » Cette étude est très bien faite, passionnante, et éclaire un peu plus les rapports entre l’homme et l’art. Mais elle ne s’adresse qu’à des lecteurs attentifs et exigeants.
Le musée imaginaire d’Hannah Arendt
LEVET Bérénice