Le mystère de l’anorexie

L’engagement intransigeant de l’anorexique dans la maigreur, la raideur, l’effacement de la féminité contraste avec l’avidité intellectuelle frénétique, une hyperactivité physique. Il peut alterner avec des relâchements boulimiques suivis de dégoûts, de vomissements, de culpabilité, ceci enrôlé dans une adaptation parfaite aux exigences scolaires ; le déni recouvre un calvaire quotidien. Ce combat à mort reste énigmatique. Psychiatre au CHU de Bordeaux, Xavier Pommereau dirige deux services destinés aux adolescents suicidaires et anorexiques ; avec Jean-Philippe de Tonnac, journaliste, ex-anorexique, il débat de ses hypothèses, de ses interrogations, de sa stratégie thérapeutique autour de la notion de « corps groupal » faisant appel à la thérapie de groupe. Cette confrontation conforte sa conviction : l’anorexie est une maladie des échanges affectifs née vraisemblablement dans la relation précoce mère/enfant. Toute proposition de soin vise à déverrouiller, assouplir la sphère affective à l’articulation des aspirations spirituelles et du corps charnel. Si quelques interprétations, volontiers exprimées en termes métaphysiques, posent question, la recherche objective du protocole thérapeutique proposé par un explorateur toujours en recherche, non par un soignant tout-puissant estimant le problème résolu, donne espoir.