Le noir quart dâheure, câest le soir, Ă lâheure du coucher, quand maman a le temps de sâasseoir prĂšs dâelle et que, dans lâobscuritĂ© de la chambre, elles se racontent des histoires toutes noires. Le rituel est immuable : quand on a soufflĂ© la bougie, câest parti pour « le ver luisant sur le nez de lâaveugle » ou « le grain de cafĂ© qui veut Ă©pouser un flocon de neige » ou encore « la berceuse du PĂŽle nord⊠»
Moment magique oĂč le temps se dilate, oĂč les voix emplissent lâobscuritĂ© dâĂ©tonnants rĂ©cits en noir et blanc, dits et redits au fil des soirs dans le plaisir de la connivence, pendant que dehors, se dĂ©roule, de nuit, le film dâune autre histoire quâon se raconte aussi : celle du retour du pĂšre aprĂšs sa journĂ©e Ă la mine. Un rĂ©cit pluriel plein de tendresse et de poĂ©sie insolite. Lâillustration, veloutĂ©e de noir et blanc, ajoute Ă la magie des mots la lumiĂšre du clair de lune et le scintillement des Ă©toiles, dans des jeux subtils de clair-obscur. (C.B.)