L’homme se souvient… Du jeune garçon qu’il était, en Normandie, quand, après le départ matinal d’Adan, son père, il rejoignait Nahima, sa mère, dans le lit conjugal. Elle l’enchante des récits de son enfance en Kabylie, où orpheline, vite mariée et répudiée, elle est recueillie par une grand-mère protectrice, un peu sorcière et intarissable conteuse. Originaire d’un autre village, Adan, artiste forgeron, veille sur sa jeune soeur victime de la brutalité masculine : celle de leurs frères aînés, celle des occupants de l’Algérie coloniale. Contraint de quitter sa Terre après les massacres de Setif en 1945, il rejoint la France, y rencontre Nahima, elle aussi déracinée. Le narrateur est cet enfant. Il raconte le destin de sa famille issue d’une Kabylie pastorale et violente, confrontée au chaos politique des années d’Occupation et de guerre qui vont effacer la culture ancestrale d’un pays où l’homme est libre. D’une très belle écriture, mais parfois répétitive, l’auteur de ce premier roman ressuscite les images puissantes, oniriques et charnelles, transmises de l’oralité par des parents analphabètes. Cet hommage fervent à ceux qui ont vécu un exil douloureux et l’ont nourri de ce pain quotidien de mémoire, de tendresse et d’émotion, séduit le lecteur. (A.C. et P.B.)
Le pain de l’exil
HAMROUNE Zadig