Le Palais en noyer

JERGOVIĆ Miljenko

Née en 1905 à Dubrovnik, Regina Delavale meurt en 2002, atteinte de psychose maniaque chronique. Entre ces deux dates se dévide le quotidien d’une famille en Bosnie sur cinq générations. Les heurs et les malheurs se succèdent avec en toile de fond tous les grands événements du XXe siècle. Si les femmes dominent le roman par leur volonté, leur pugnacité, leurs émotions, les hommes sont l’objet d’une galerie de portraits étonnante.  La construction du roman conçu comme une machine à remonter le temps demande au lecteur une attention soutenue. Heureusement la plume de Miljenko Jergović excelle dans le fond comme dans la forme, faisant de lui un narrateur hors pair pour créer une atmosphère, des personnages, nous plongeant dans un univers où générosité, tristesse, joie, cruauté, droiture, folie, violence se côtoient avec humour et finesse. Si Buick Riviera (NB octobre 2004) traitait de l’émigration bosniaque, Le Palais en noyer est un hymne à la famille, aux racines, à la tradition. Écrit en 2003, ce roman nous ouvre au meilleur de la jeune littérature croate.