Le pas de l’âne.

SÉONNET Michel

Sans déchirure, Élise a tout quitté, enfants, maison, pour aller de l’avant, marchant, bientôt suivie d’un adolescent rebelle, amant, ami, enfant à la fois. Mais les couteaux sortent vite chez les marginaux… Seule, elle poursuit sa route, enlève une fillette hospitalisée, se réfugie avec elle auprès d’un clochard souffre-douleur ; il veille sur la mémoire de deux filles suicidées après un viol. Il y aura encore Loâna, très jeune femme obèse, qui a tué son nouveau-né, Hervé, fugueur depuis l’enfance. Et surtout, il y a les ânes, apparitions secourables, au pas obstiné et pensif, qui connaissent les voies et offrent leur échine à ces routards incertains.

Michel Séonnet, proche de la souffrance humaine (Cf. Sans autre guide ni lumière, N.B. jan. 2003), accompagne avec une empathie tendre ses personnages blessés, emportés dans l’infini mouvement des morts et des vies toujours redistribuées dans un chaos de violence et d’injustice. Quelques êtres, comme Élise, sont les passeurs qui permettent d’accéder aux autres, le temps bref des destinées individuelles. Les derniers chapitres, sont étranges, illuminés, le sens profond reste à déchiffrer sous la linéarité du récit.