ĂrythrĂ©en dâorigine, Seyoum (Ephrem) a fait de « lâespoir son fonds de commerce ». Câest devenu un caĂŻd, un gros passeur de la cĂŽte libyenne, imbibĂ© dâalcool, de khat, de mĂ©pris de soi et des hommes qui mĂšne un business florissant. Comment en est-il arrivĂ© lĂ ? Se peut-il que derriĂšre cette Ă©pave qui en impose se cache encore un cĆur humain ?
Construit en courts chapitres, ce roman minuscule – oĂč alternent passĂ© et prĂ©sent : douloureux souvenirs de jeunesse, de dictature, dâexode et vie de passeur – est un petit chef dâĆuvre dâĂ©motion forte. Avec une grande Ă©conomie de moyens, un style percutant et des phrases incisives, ce rĂ©cit Ă la premiĂšre personne, trĂ©pidant et dense, qui exprime magistralement et sans pathos lâhorreur vĂ©cue par les rĂ©fugiĂ©s, la cruautĂ© et le cynisme terrifiant dâun homme dĂ©senchantĂ©, conduit de surprises en surprises. Par-delĂ son odyssĂ©e de dĂ©fonce, câest la chronique dâun traumatisĂ© de lâhistoire qui se donne Ă lire, et dâune existence de dĂ©racinĂ© qui nâarrĂȘte pas de se rejouer. Un bouleversant premier roman. (D.M.-D. et M.-N.P.)