Le Pavillon des Écrivains

Lucas est accueilli pendant six mois au Pavillon des écrivains à Villeneuve-sur-Ourcq, commune de banlieue dont il a fréquenté naguère la faculté. À charge pour lui d’écrire un ouvrage « de six cent mille signes » sur César Calvi, ancien maire au parcours politique tortueux, assassiné sous ses yeux sept ans auparavant, le coupable étant resté introuvable et impuni. Il se met à la tâche, consulte témoins et archives, tout en découvrant les autres résidents, écrivains un peu paumés eux aussi, et la ville en déshérence qui le reçoit. Claude Durand (Lilette, NB juin 2012) dépeint un monde qui a perdu ses repères. À travers les ressassements du narrateur sur sa propre vie, sur ses recherches visant les collaborationnistes, sur les revirements de Calvi – qui semble avoir mangé à tous les râteliers – il fait revivre les dérives et les mensonges des politiciens français, le délitement du tissu urbain et de ses activités, la montée des incivilités et des violences. Sa langue est riche, ses phrases très savamment composées, mais on perd pied parfois et l’avalanche des noms propres peut achever de nous submerger. Un regard désabusé et un peu obsolète sur la France des décennies passées.