Rome, fin du XVIe siècle. Clélia est la fille illégitime du Gran Cardinale Alessandro Farnèse. Soucieux d’assurer son avenir, ce dernier la marie à treize ans à Giovan Giorgio Cesarini, héritier d’une grande famille du Latium quasi ruinée mais comptant encore dans l’aristocratie vaticane. Belle et intelligente, Clélia séduit le cardinal Ferdinando de Médicis, ami de son époux. Une liaison qui va se révéler délétère.
Dans ce nouveau roman historique, l’autrice (Concours pour un paradis, Les Notes juillet 2018) affine ses techniques narratives et réalise une double exploration réussie : mélanger harmonieusement une recherche historique sur la fin de la Renaissance italienne et les stratégies d’une jeune bâtarde qui entend s’affirmer dans ladite société. Afin d’utiliser sans entrave les talents dont elle se sent dotée, celle-ci brave en les contournant habilement l’autorité et le pouvoir des hommes de son entourage (père, maris, amants, fils). Pas de féminisme anachronique ici, mais une force romanesque qui prend sa source dans une bonne analyse des relations hommes-femmes de l’époque. Dans les interstices laissés par les célèbres familles et leurs combats mortifères se glisse une foule de personnages secondaires, dessinateurs de rue, menante auteurs d’avvisi et autres libelles satiriques, hommes de main... tandis que l’architecture de la Ville éternelle se remodèle pour la dernière fois. La peinture authentique d’un monde décadent courant à sa perte. (A.Lec. et C.R.P.)