Le pays des loups

FARRAND TĂŒnde

2050 Ă  Londres. La consommation a Ă©tĂ© Ă©rigĂ©e en panacĂ©e des temps nouveaux et la sociĂ©tĂ© est organisĂ©e selon des critĂšres d’accĂšs au nirvana des PossĂ©dants condamnant Ă  la Zone ceux qui en sont exclus. Pas de place non plus pour la vieillesse : les Dignitoriums accueillent les Fins de vie pour une euthanasie « consentie ». Philip, un architecte, disparaĂźt ; au pĂ©ril de son statut et de sa vie, Alice, sa compagne, veut comprendre.  2050, autant dire demain ! Le roman s’installe dans la proximitĂ© et, par un effet de loupe, dans la dĂ©nonciation des dĂ©rives dĂ©shumanisantes de nos sociĂ©tĂ©s. Un projet intĂ©ressant ! Mais l’intrigue, trĂšs vite caricaturale, a un goĂ»t de dĂ©jĂ -vu et limite la portĂ©e du questionnement Ă  la maniĂšre dont les deux hĂ©ros vont se tirer d’affaire. La question de fond n’est qu’effleurĂ©e, propice Ă  des pĂ©ripĂ©ties racoleuses qui font vibrer la corde sensible. La fiction, chez Bradbury et Huxley, servait une rĂ©flexion sur le monde Ă  venir ; ici son intĂ©rĂȘt se limite au suspense d’une aventure privĂ©e et Ă  son dĂ©nouement en forme de happy end. La portĂ©e rĂ©volutionnaire du roman d’anticipation serait-elle oubliĂ©e ?  (C.B. et A.M.D.)