Deux pages, et l’on suit déjà avec curiosité ce marcheur insolite, en cavale à travers les combes enneigées du Massif Central. Évadé de prison, il espère trouver refuge auprès d’un ami d’autrefois, installé dans la solitude des montagnes. Après une course épuisante, nous rencontrons avec lui Bichon, le fossoyeur du petit village où il se rend, qui lui apprend la mort récente de l’ami et la présence d’une compagne demeurée dans la maison ; celle-ci accueillera le fugitif, envoyé par le mort, croit-elle. L’histoire se noue, revient en arrière, raconte les amours du couple, l’amitié, les passés… L’évadé est emporté par son destin mauvais, et tout finit, ou commence, moitié mal, moitié bien, comme dans la vie.
Le récit se déroule, joliment, tendrement ; Jean-Pierre Milovanoff aime la nature et les gens, l’atmosphère du village où Bichon, le simple d’esprit philosophe, sert de révélateur aux protagonistes : le vieux boxeur, la jongleuse, la directrice du centre d’enfants sourds-muets, l’ancienne chanteuse… Ce roman se situe dans la lignée des précédents (Dernier couteau, NB février 2004) que nous avions déjà appréciés.